Dr. Chris Fomunyoh: «La diaspora camerounaise doit réfléchir et se préparer à prendre une part décisive dans le processus de changement au Cameroun»
ICIcemac
Le 3 Octobre, 2009

M.Mba Talla

«Pull out the dam-Wall » in Yaoundé, tel peut être résumé le cri de cœur des Camerounais présents au Forum de Discussion tenu le 3 octobre 2009 à l’Université de Montréal. Ce Forum de Discussion qui était organisé par la Diaspora pour la Modernité et www.icicemac.com, était animé par le Dr. Fomunyoh du NDI sous le thème «Diaspora camerounaise et engagement politique. Par où commencer?».

«Pull out the dam-Wall » in Yaoundé, tel peut être résumé le cri de cœur des Camerounais présents au Forum de Discussion tenu le 3 octobre 2009 à l’Université de Montréal. Ce Forum de Discussion qui était organisé par la Diaspora pour la Modernité (DM) et Azedcom group éditeur du site internet www.icicemac.com, était animé par le Dr. Christopher Fomunyoh, actuellement directeur Afrique du NDI sous le thème «Diaspora camerounaise et engagement politique. Par où commencer?».


Dr. Chris Fomunyoh
Malgré le mauvais temps qui faisait à Montréal et dans toute la région Est de l’Amérique, plus d’une centaine de Camerounais, dont certains venaient de la région de Washington DC aux Etats –Unis, ont tenu à assister, le samedi 3 octobre 2009, à l’Université de Montréal, au Forum de Discussion organisé par l’organisation non gouvernemental Diaspora pour la Modernité et le site internet www.icicemac.com. Ce forum était animé par le Dr. Christopher Fomunyoh, actuellement directeur Afrique du NDI en charge des pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Avant que le Dr. Fomunyoh ne prenne la parole, la salle avait été dès 18h chauffée par une invitée surprise en la personne de la Reine de Bonendale, Jacqueline Ikollo.

Cette dernière a tenu à partager son expérience de femme engagée dans la lutte citoyenne au pays, précisément à Douala où elle vit. L’audience a d’ailleurs apprécié à sa juste valeur cet échange. C’est à 19h qu’elle a laissé la tribune tout d’abord à l’homme d’affaires Micheal Fogaing qui s’est exprimé au nom de Diaspora pour la Modernité (DM). En prenant la parole, ce dernier a présenté la mission de DM. Il a affirmé que cette organisation participera à l’articulation et au raffinement du rôle de la diaspora camerounaise dans sa capacité d’être désormais un interlocuteur incontournable dans le processus de transformation du Cameroun. C’est après cette courte présentation que les choses sérieuses ont commencé avec l’arrivée sur le podium du Dr Fomunyoh.

Chaleureusement accueillis par les nombreux Camerounais et amis du Cameroun présents, le conférencier- invité a d’abord tenu à remercier les nombreux invités présents. Par la suite, il a précisé le pourquoi du choix du thème de la soirée «Diaspora camerounaise et engagement politique. Par où commencer?». Dans une présentation limpide, le Dr. Christopher Fomunyoh a présenté les quatre atouts majeurs de la diaspora, en plus de mettre l’accent sur ceux de la diaspora camerounaise. Le premier élément est l’atout scientifique et les connaissances heuristiques. Le deuxième élément est sa capacité relationnelle de réseautage et de lobbying. Le troisième est le rôle intermédiaire privilégié que la diaspora peut jouer entre le pays d’accueil et le pays d’origine. Le quatrième atout est le pouvoir économique de la diaspora.

Le Dr. Fomunyoh s’est d’ailleurs appuyé sur les derniers chiffres de la Banque mondiale qui montraient que la seule diaspora camerounaise des États-Unis, a envoyé près de 300 millions de dollars américains au Cameroun. Le Directeur Afrique du NDI a entretenu les nombreux participants sur la place de la diaspora africaine dans l’avenir du continent. Il a particulièrement mis l’accent sur le rôle que peut jouer la diaspora camerounaise dans l’émergence d’un Cameroun démocratique. Il a par la suite montré que malgré la non reconnaissance de certaines diasporas par les gouvernements des pays d’origine, à l’instar du Cameroun, il était possible pour cette diaspora de se faire entendre. Pour cela, il est revenu sur la résolution de l’Union africaine (UA) qui a décidé dans une de ces motions, de faire de la diaspora la sixième région africaine, en plus des autres régions qui représentent le découpage géographique du continent.

Désormais, les africains de la diaspora, dont les Camerounais, pourraient prendre à témoin leur gouvernement devant cette instance africaine. Il a terminé cette partie en montrant qu’à l’instar des pays qui réussissent dans le monde aujourd’hui, la diaspora camerounaise est aujourd’hui une réalité et une force incontournable contre laquelle aucun gouvernement ne peut nier, au risque de se voir mis au banc de l’évolution du monde.

Après la présentation liminaire du Dr. Fomunyoh qui a duré moins d’une trentaine de minutes, la rencontre a pris les allures d’un véritable Forum de discussion où des questions, aussi diverses que controversées, ont été posées au conférencier. Dans ce Forum de discussion, de nombreuses questions ont tourné autour du manque de dialogue et de prise en compte de la diaspora camerounaise par les autorités de Yaoundé.

D’ailleurs quatre questions cardinales sont constamment revenues sur les lèvres des nombreux participants, des questions qui reflètent le malaise de cette diaspora. « It is somebody listen to us ?» («Est-ce quelqu’un nous écoute?») ; «Comment faire que notre voix soit entendue par les autorités de Yaoundé ?»; «Comment dialoguer lorsque l’autre partenaire ne reconnaît pas l’autre parti?» ou encore «How to pull out the «dam wall» that separes us from our Fatherland («Comment faire pour briser ce mur d’incompréhension qui nous sépare de notre pays?»).

Bien que posées par les membres de la diaspora, ces questions pouvaient aussi bien être posées par ceux vivant au Cameroun. Ces questions posées par l’assistance captive de Montréal pourraient aussi bien être posées par ceux restées au pays. A la question de savoir comment faire pour faire tomber le mur d’indifférence de Yaoundé qui empêche le Cameron d’être un pays comme les autres, le Dr Fomunyoh a répondu à ses compatriotes en leur demandant d’éviter, dans la bataille du changement, de se focaliser sur les individus, mais sur le système camerounais. Il est plus que jamais temps que la diaspora réfléchisse impérativement sur le changement du Cameroun. Pour cela, elle doit faire preuve d’introspection et d’ingéniosité surtout qu’elle a l’avantage de vivre dans les milieux où on fait la politique autrement.

Tout en montrant les pistes qui pourraient permettre à l’engagement politique actuel de la diaspora d’avoir un impact décisif, ceci afin de redonner vie au climat politique intérieur morose et de redonner espoir au sentiment général ambiant, le Dr. Fomunyoh a demandé à la diaspora non seulement de tout faire pour trouver un terrain d’entente, mais surtout d’éviter les sujets qui fâchent. Ceci passe par une élévation du débat qui aura pour finalité d’éviter la polarisation dans l’action de changement au Cameroun. L’option de l’élévation du débat a été reprise à son compte par M. Siakam, résidant de Washington et représentant du Club des amis de Fomunyoh (CAF) et qui a demandé aux Camerounais partout où ils se trouvent, à créer des club de ce genre et de pratiquer la politique citoyenne et non la politique partisane.

En définitive, prévue pour deux heures de temps, les nombreuses questions enrichissantes ainsi que les nombreux commentaires et propositions ont amené les organisateurs du FORUM au-delà de trois heures trente d’horloge. Le Forum s’est achevé avec le « Ô Cameroun, Berceau de nos ancêtres» qui a été entonné par Cyrille Ekwalla, le modérateur de la soirée et repris en cœur par toute l’assistance.

Il ressort de ce Forum de Discussion que la diaspora camerounaise a plus que jamais besoin d’un véritable canal de communication entre elle et le Cameroun. Et ce canal peut se traduire par un leadership inspiré, visionnaire et ferme, capable de comprendre leur angoisse et de jouer le rôle d’interface entre les compatriotes de l’intérieur et ceux de l’extérieur. D’ailleurs, le «dam wall» sur lequel les membres du Forum de Discussion sont constamment revenus, symbolise le point de fixation sur un nouveau leadership dont le Cameroun a besoin aujourd’hui. Le thème de la soirée «Diaspora camerounaise et engagement politique. Par où commencer?» posait déjà les bases d’une réflexion sur le leadership qui doit être inspiré par un homme au nationalisme et patriotisme éprouvé. Un homme consensuel qui a l’avenir de la jeunesse comme pierre angulaire de sa projection.

Plus que jamais, le succès patent de ce Forum de Discussion à Montréal sonne comme un appel à plus de rencontres. A la fin du Forum de Discussion de Montréal le Dr. Fomunyoh a été assailli par les nombreux membres de l’assistance qui lui demandait de prendre les devant pour faire tomber le mur. Un mur dont plusieurs Camerounais, souhaiteraient voir tomber dès 2011, pour que renaisse un nouveau Cameroun. Mais on se demande encore: Par où commencer?



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