Paul Biya reçu par Nicolas Sarkozy
RadioFranceInternationale
Le 24 Juillet, 2009

Le président camerounais Paul Biya (g) est accueilli au palais de l'Elysée par le président Nicolas Sarkozy, le 24 juillet 2009.
(Photo : Reuters)

En visite en France depuis quatre jours, le président du Cameroun Paul Biya a été reçu vendredi à Paris par le président Nicolas Sarkozy. Le chef d’Etat camerounais s’est déclaré satisfait de cette rencontre qui, selon lui, a permis de constater que les relations entre les deux Etats sont « excellentes ». Selon l’Elysée, le président français, qui a promis de maintenir le niveau de coopération, a aussi évoqué « librement » avec le président Biya de la situation intérieure du Cameroun, y compris les questions de gouvernance, de démocratie et de droits de l'homme. La diaspora camerounaise s’est mobilisée depuis quelques jours contre cette visite. Paul Biya, au pouvoir depuis 27 ans, a dû faire face à une vague de mécontentement en raison notamment de la hausse du coût de la vie.

Après avoir été reçu par Nicolas Sarkozy, Paul Biya a fait quelques déclarations à la presse sur le perron de l’Elysée. Il a notamment évoqué les relations entre les deux Etats, en soulignant que cet entretien avec le président français a permis de constater une « concordance de vues presque parfaite sur la plupart des sujets », notamment sur les problèmes africains et les crises dans certains pays.

Selon l’Elysée, le président Nicolas Sarkozy a assuré son homologue camerounais que « la France maintiendrait son niveau de coopération avec le Cameroun, malgré la crise et les contraintes budgétaires ». Cette coopération se traduit notamment par l’annulation de la dette publique camerounaise vis-à-vis de la France (1,2 milliards d’euros environ), en échange de la réalisation de projets de développement, d’ici 2016, définis en commun par Paris et Yaoundé.

Les questions de gouvernance et de droits de l’homme au Cameroun ont également été évoquées lors de cette rencontre. Selon l’Elysée, Nicolas Sarkozy a dit au président Biya que « les efforts des dernières années devaient être poursuivis et approfondis et il a rappelé que la bonne gouvernance était la condition essentielle au développement. » L'Elysée a également fait savoir que la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Paul Biya « s'inscrit dans le prolongement de la visite du Premier ministre François Fillon, en mai », à Yaoundé, au cours de laquelle avaient été signés « deux accords très importants », concernant le partenariat sur la défense et la gestion concertée des flux migratoires.

Au-delà des discours traditionnels sur l’amitié qui lie la France au Cameroun, pour les spécialistes des questions africaines cette visite du président Paul Biya en France apparaît surtout comme un message aux Camerounais.

La visite de Paul Biya a provoqué des remous. Ainsi l'opposition socialiste à l'Assemblée nationale a demandé à Nicolas Sarkozy de veiller à évoquer les questions de démocratie et de principes de droit.

La diaspora camerounaise s’est mobilisée contre cette visite. Une manifestation a rassemblé à Paris, mardi, plusieurs dizaines de personnes qui ont dénoncé « avec véhémence l'invitation par la France d'un dictateur », pour reprendre les termes utilisés par les manifestants. Une autre manifestation a eu lieu ce vendredi.

Selon la presse camerounaise, le président Paul Biya aurait bien voulu assister, aux côtés de Nicolas Sarkozy, au défilé du 14 juillet dernier sur les Champs Elysées. Finalement, pas de fête nationale mais une visite officielle en France. Il a donc été reçu à l'Elysée, au grand dam de l'opposant Pierre Mila Assouté, ancien membre du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, qui vit aujourd'hui en exil à Paris.

A Yaoundé, la base du RDPC lance déjà des appels pressants à la candidature de Paul Biya. La presse gouvernementale en a fait ses gros titres. Or la présidentielle est prévue en octobre 2011. Ce qui fait dire à certains observateurs de la vie politique camerounaise que le président Paul Biya, au pouvoir depuis 27 ans, pourrait envisager une élection présidentielle anticipée. Le ministre camerounais de la Communication Issa Tchiroma Bakary a considéré que cette idée « n’est pas à l’ordre du jour ».

Christopher Fomunyoh, directeur régional pour l'Afrique au National
Démocratic Institute, NDI (MP3)

Le NDI est un observatoire de la démocratisation à travers le monde, basé à Washington
« Apparement, le président Biya voudrait rassurer les siens de sa popularité et de son poids sur l'échiquier international après une année 2008 assez difficile... »

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