"La démocratie renforcée au Ghana à l'issue de la présidentielle"
Icicemac
Janvier 4, 2009

Au lendemain de la proclamation du résultat d'une élection présidentielle qui s'est déroulée quasiment sans heurts, le Ghana, où un président élu transmettra le pouvoir à l'opposition pour la deuxième fois en une décennie, semblait avoir ancré sa démocratie. Peu après l'annonce de sa victoire, l'opposant John Atta-Mills, du Congrès national démocratique (NDC), a tendu la main à son adversaire qui, en dépit de protestations, a reconnu sa défaite et l'a félicité.

Célébrations après l'élection de l'opposant John Atta-Mills le 3 janvier 2009.
 
Election présidentielle au Ghana le 2 janvier 2009
La course, très serrée, a été remportée avec à peine un demi point de pourcentage.
 
"Le Ghana va connaître sa seconde alternance pacifique du pouvoir (...) en une décennie, un évènement qui renforcera certainement la transition démocratique du pays et ses jeunes institutions", a estimé Chris Fomunyoh, expert Afrique au National Democratic Institute (NDI), un organisme basé à Washington.
 
La première passation de pouvoir entre deux présidents démocratiquement élus s'était déroulée dans le calme en janvier 2001, lorsque Jerry Rawlings, un ancien dirigeant militaire converti à la démocratie, avait transmis les rênes à l'opposant John Kufuor après deux mandats de quatre ans.
 
La récente élection était la cinquième au Ghana depuis le retour du multipartisme en 1992, et John Atta-Mills, un juriste de 64 ans, se présentait pour la troisième fois consécutive.
 
"On peut espérer que le Ghana continuera d'être un modèle de démocratie pour d'autres pays africains, comme le sont le Bénin, le Botswana, le Mali, l'île Maurice et l'Afrique de Sud", a-t-il poursuivi.
 
La nation ouest-africaine de 23,5 millions d'habitants est régulièrement citée en exemple et louée pour ses avancées en matière de démocratie, dans un continent où violences et fraudes électorales sont fréquentes.
 
Au Kenya, des violences post-électorales ont fait plus de 1.500 morts début 2008, tandis qu'au Zimbabwe, plongé dans un crise politique et humanitaire, Robert Mugabe refuse de céder le pouvoir malgré la défaite de son parti aux législatives de mars.
 
Malgré quelques incidents, les observateurs de la présidentielle au Ghana ont relevé surtout l'ordre et le calme qui ont prévalu.
 
Bien qu'il ait reconnu sa défaite, Nana Akufo-Addo, du Nouveau parti patriotique (NPP), a insisté sur des irrégularités qui se seraient produites dans une région traditionnellement aux mains du parti adverse et déclaré que la justice devra examiner l'affaire, sans plus de précisions.
 
"Dans d'autres pays, on ne serait pas en train de rassembler des bulletins de vote (comme preuves de fraudes), mais des armes", a estimé Emmanuel Gyimah-Boadi, du Centre pour le développement démocratique (CDD), une institution ghanéenne.
 
"C'est tout à l'honneur du NPP qu'il présente ses griefs devant un tribunal. C'est à cela que servent les tribunaux électoraux", a de son côté noté Chris Fomunyoh du NDI.
 
Selon des observateurs, le recours en justice évoqué par le candidat défait ne devrait toutefois pas avoir d'impact réel sur la passation de pouvoir le 7 janvier entre le président sortant John Kufuor et John Atta-Mills.
 
Theodore Dzeble, porte-parole de la Coalition d'observateurs des élections (CODEO, 34 organisations) a estimé que Nana Akufo-Addo, également un juriste de 64 ans, était lui-même capable de se rendre compte que s'il souhaite se présenter lors des prochaines élections dans quatre ans, il doit se résoudre à la défaite.
 
"Sinon, personne ne votera pour lui la prochaine fois".

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